Chers frères et sœurs,
Comme Jésus dans l’Évangile de Luc, nous sommes appelés à vivre le Carême « rempli d’Esprit saint » et même « dans l’Esprit Saint ». Que dit le dernier verset de l’Évangile du 10 mars ? « Ayant accompli (du grec suntelein) toute tentation, le diable s’éloigna de lui jusqu’au moment favorable » Lc 4,13. Cela signifie que Jésus a été confronté aux trois tentations de base qui « accomplissent » toutes les tentations humaines : avoir, pouvoir et savoir orgueilleux.
Avoir. La tentation de l’avoir c’est l’illusion d’exister par ce qu’on possède au plan matériel : c’est le piège de l’argent. Il y a aussi les actes d’égoïsme que nous posons lorsque nous privilégions notre petit plaisir personnel ou notre petit confort. Le remède ? Un détachement volontaire de l’avoir matériel, faire le choix de la pauvreté volontaire. C’est vraiment le sens de l’aumône.
Pouvoir. La tentation associée est l’abus de pouvoir sous toutes ses formes : abus d’autorité, abus de conscience et jusqu’à l’horreur des abus sexuels. L’actualité dramatique oblige à intégrer ici des manières déviantes — voire perverses — de fonctionner qui contaminent aussi l’Église. Ces déviances ont un lien avec le cléricalisme entendu comme infantilisation dans les relations prêtres/laïcs. Reconnaissons que cela provient souvent de prêtres dont la rigidité autoritaire peut infantiliser la responsabilité des laïcs. Parfois aussi certains laïcs favorisent le cléricalisme lorsqu’ils mettent sur un piédestal les prêtres en les idéalisant. Comment lutter contre cela ? Par la pratique de l’humilité, par la simplicité dans la communion fraternelle. Il s’agit d’accepter de dépendre les uns des autres, d’entrer dans un dialogue en vérité avec tous, sans peur de se dire les choses. Comme dit le pape François, « il s’agit d’éradiquer la culture de l’abus dans nos communautés, de vaincre l’appétit de domination et de possession. » Pour cela, le pape rappelle un moyen spirituel puissant: le jeûne (cf Mt 17,21).
Savoir orgueilleux. La tentation associée est de se prendre pour Dieu, de le mettre à l’épreuve c’est à dire de le mettre à son service. Le remède ? Choisir de dépendre exclusivement de Dieu, de lui faire totalement confiance. L’enjeu est d’être uni au Christ, d’entrer dans une relation intime avec lui. C’est le sens de la prière vécue comme un dialogue personnel avec Jésus. Il s’agit de le suivre de plus près…mais sans lui passer devant !
En résumé, face aux 3 tentations de base que sont l’avoir, le pouvoir et le savoir, on peut opposer
- le détachement de la pauvreté volontaire en lien avec l’aumône ;
- l’humilité qui permet de vaincre l’appétit de domination sur les autres à l’aide du jeûne ;
- la relation personnelle à Jésus-Christ dans le dialogue de la prière.
La participation au parcours Actes des apôtres, pour être « rempli d’Esprit Saint » en nous mettant à l’écoute de la Parole de Dieu est aussi un moyen concret pour avancer.
Bon chemin vers Pâques !
Père Yves+