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Le printemps de l’Église

Homélie du 23 mars 2025

C’est bientôt le printemps dans l’église. Hier dans le jardin de Saint Jacques, j’ai fait les plantations du printemps et accueilli trois catéchumènes ou recommençants dans la foi. Dans la paroisse, plus de 70 participants sont inscrits en Initiation Chrétienne des Adultes. Douze baptêmes adultes et jeunes sont prévus dans la nuit Pascale et 25 confirmations d’adultes le dimanche de la Pentecôte. 

C’est un printemps pour l’Église. Le printemps est un temps de travail de la terre et de floraison, un temps de travail laborieux et un temps de joie de la vie qui renaît. Il en est de même pour la conversion dont Jésus parle dans l’Évangile. La conversion est le thème de l’évangile de ce troisième dimanche de carême. C’est maintenant le temps favorable de la conversion et la parabole du figuier enseigne le ton paradoxal de la conversion qui est à la fois radicalité et patience. Comme dit le psaume 83, « amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ».  

1-Voici les quatre personnages de la parabole

Un maître élève une vigne qui a un figuier au milieu, et il confie sa vigne à un vigneron. Le maître représente Dieu le Père, la vigne c’est le peuple de Dieu ou l’Église, le figuier c’est vous et moi et le vigneron c’est Jésus. Le figuier ne donne plus de fruit depuis deux ans, le Père veut le couper car il n’est plus fécond, mais le vigneron, Jésus, intervient dans sa miséricorde pour le sauver. Il s’engage à bêcher, apporter du fumier, c’est-à-dire à un travail pénible pour nous sauver, ce que nous méditons dans sa passion lors des chemins de croix des vendredis. 

2-Jésus intercède pour nous

Le vigneron de la parabole qui représente Jésus intervient pour demander au maître qui représente Dieu le Père et lui demander patience en promettant de bêcher le sol et de l’amender. Unique médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus, assis à la droite du Père, intercède encore en notre faveur. Lui faisons-nous appel afin de porter plus de fruits ?

a-La radicalité de l’amour de Dieu 

Cette radicalité s’exprime par cet ordre « coupe-le car il ne donne pas de fruit », ou encore dans « si vous ne vous convertissez pas vous périrez ». Comment entendre ces expressions de la bouche de Dieu ? 

La vocation de l’être humain créé à l’image de Dieu est de donner du fruit c’est-à-dire de faire le bien. Il n’est pas suffisant de vivre sans faire le mal comme le figuier. Si nous ne faisons pas le bien par nos petites actions, par nos engagements dans l’église et la société, par notre prière, alors nous sommes considérés comme mort par Dieu, car nous ne sommes plus à son image. 

La révélation judéo-chrétienne nous dit que Dieu ne veut pas la mort du pécheur mais qu’il vive. Il ne peut donc vouloir tuer une de ses créatures à laquelle il a donné sa vie. Comment faut-il comprendre ce « coupe-le » ? 

L’homme quand il pèche gravement se sépare de Dieu ce qui le coupe de la source de la vie. Le risque de mort spirituelle qui conduit à l’enfer est réel. Cela doit nous faire prendre conscience de notre responsabilité : tous nos actes ont des conséquences qu’il nous faut assumer. 

En réalité, c’est nous qui nous coupons de Dieu et non Dieu qui veut notre mort. Un dicton dit « c’est l’homme qui se met en enfer lui-même et non pas Dieu ». 

b-Patience de l’amour de Dieu par Jésus 

Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son fils, non pour juger mais pour sauver le monde. 

Avec Jésus, on a un intercesseur défenseur devant Dieu, qui nous rappelle que la radicalité de l’amour de Dieu n’est pas violence, ni brutalité ni manque de respect des libertés personnelles. En Jésus, Dieu manifeste sa patience, qui vient du mot Passion, il prend sur lui nos péchés, souffre à notre place et compatit à notre vie humaine dans le but de nous sauver et non pas de nous juger. 

3-La vraie conversion 

La conversion consiste à se laisser attirer par Jésus, se laisser réconcilier avec Dieu en Jésus afin de vivre en communion avec Lui. Il s’agit tout d’abord de reconnaitre nos offenses personnelles et nos besoins de conversions communautaires. 

a-Reconnaître nos offenses personnelles

Si je pose la question « qui veut communier à Dieu ? », tous vont lever la main… si je demande « qui veut se réconcilier avec Dieu ? » c’est-à-dire reconnaître ses torts, moins de mains se lèvent…et pourtant la réconciliation est nécessaire pour que la communion soit véritable. Dieu est patient, et son amour a une pédagogie : laisser le temps au plus grand nombre de revenir à Lui. Regardons nos vies de familles pour constater combien la demande de pardon est nécessaire à l’unité. Alors, rappelons que la communion sacramentelle avec Dieu (en recevant l’hostie) a besoin de la réconciliation sacramentelle régulière pour être réelle. Il ne suffit pas de recevoir l’hostie pour être en communion avec Dieu et avec ses frères. 

Comment se réconcilier avec Dieu ? Dans sa prière personnelle ou familiale, chaque soir et de manière sacramentelle au moins une fois par an, si possible avant les grandes fêtes pour y être bien préparé. Pour comprendre la différence entre le pardon personnel et le pardon sacramentel, voici une comparaison. Votre cœur est un jardin dans lequel Dieu aime à demeurer et se promener depuis votre baptême. Pour entretenir le beau gazon du jardin de notre cœur, il y a deux options : passer la tondeuse chaque jour ce qui est rapide et facile. L’autre option est laborieuse mais nécessaire de temps à autre : arracher les mauvaises herbes une par une en les nommant, c’est la confession sacramentelle des péchés. Une veillée miséricorde sera proposée en paroisse le 2 avril avec des prêtres de l’extérieur. Rappelons la permanence d’écoute et de confession du mardi au vendredi de 17h30 à 18h30.

b-Reconnaître nos besoins de conversion communautaire

L’afflux de nouvelles personnes dans nos communautés chrétiennes exige un déplacement non pas des valeurs mais des manières de penser et d’agir. Il s’agit de reconnaître nos attachements à des manières de faire, à des services, voir à des mauvaises habitudes et notre difficulté à les changer. Or la diversité des générations et des cultures qui composent nos communautés sont des richesses nouvelles à considérer pour vivre en communion, en Fraternité chrétienne à la croisée des cultures. 

C’est bientôt le printemps dans l’Église et dans nos vies, reconnaissons dès aujourd’hui ce besoin de conversion et demandons la lumière de l’Esprit Saint pour qu’il nous montre ce que nous devons changer pour adapter la vie de nos groupes d’église, de notre accueil à une nouvelle population qui n’a pas notre langage et nos codes catholiques.

Seigneur, lent à la colère, patient et miséricordieux, écoute l’aveu de notre faiblesse : nous avons conscience de nos fautes, patiemment, relève-­nous avec amour.